zondag 7 augustus 2011

Twee sonnetten van Maurice de Guérin

S  O  N  N  E  T

A François du Breil de Marzan

Quand le soleil après une chaude journée
S'endort et que le soir nous souffle le vent frais,
C'est délice de voir aux feuilles des forêts
Se jouer une brise et filer l'araignée.

Alors cette fileuse est tout embesognée
A dérouler son fil, et, par des noeuds secrets,
Se rattache à la feuille au vent abandonnée,
Afin de s'y suspendre et s'y bercer après.

Car elle aime beaucoup la brise vespérale,
Et le balancement de la lumière pâle,
Qui dore, en s'en allant, la lisière des bois.

Et, perchée au milieu de sa corde soyeuse,
Jusqu'à la nuit tombée elle y danse joyeuse,
Comme à l'escarpolette oscillant mille fois.

La Chénale, 9 août 1833




















AUTRE SONNET AU MÊME

Quand l'étoile d'amour, la plus belle des cieux,
File vers l'occident et se couche dans l'onde
Où nous voyons couler tous les bonheurs du monde,
Laissant à peine après quelque lueur aux yeux;

L'imagination va faire ses adieux
A cette belle étoile, avant la nuit profonde,
Avant que tout soit noir et que tout se confonde
Dans le coeur devenu comme un puits ténébreux.

Alors elle s'en va, l'habille filandière,
Suspendre ses résaux et sa gaze légère
A quelque branche frêle où luit un peu de jour,

Et se laissent aller à cette balançoire,
Elle sý joue en l'air, tant que dans l'âme noire
Surnage encore un brin des lueurs de l'amour

Le Chênale, août 1833

MAURICE DE GUÉRIN (1810-1839)
Uit: Poësies, opgenomen in Deel I van de
tweedelige editie van de OeuvresParis, LE DIVAN, 1930

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